Dès le début du second trimestre, le ton a été donné après l’annonce, le 2 avril, de la mise en place d’importants tarifs douaniers par l’Administration Trump (« jour de la libération »). Cette annonce, qui a pris de court bon nombre d’investisseurs, a provoqué une onde de choc sur les marchés internationaux. L’ampleur de la hausse tarifaire (du jamais vu depuis la fin des années 30) a fait craindre des répercussions non négligeables sur l’économie mondiale. Mais la plus grande surprise provient du rebond spectaculaire qui s’en est suivi. En à peine deux mois, la plupart des indices ont retrouvé leur niveau initial ou l’ont même dépassé. La désescalade des tensions commerciales sur fond d’avancée des négociations a soulagé les marchés financiers, également rassurés par des résultats d’entreprises robustes. Même le retour des tensions géopolitiques au Moyen-Orient à la mi-juin n’aura pas inversé la tendance, les places boursières faisant preuve d’une résilience remarquable. Ainsi, à fin juin 2025, les actions mondiales, représentées par l’indice MSCI AC World en dollars, affichent un gain notable de 10 % depuis le début d’année. Les marchés américains ont clôturé le semestre sur une hausse de 6.2% au 30 juin (indice S&P 500), après un rebond de près de 25% entre le 8 avril et le 30 juin. De l’autre côté de l’Atlantique, les principaux indices européens ont confirmé leur tendance haussière du 1er trimestre, surperformant leurs homologues américains, à l’image de l’Eurostoxx 50 qui termine au 30 juin sur une hausse de plus de 10% depuis le début d’année. En Asie, le marché chinois progresse de 17.3% sur les six premiers mois de l’année, soutenu par la volonté des autorités du pays à soutenir l’activité économique. L’indice Nikkei du Japon reste quant à lui quasi stable, ne progressant que de 2.3% au 30 juin, impacté à la fois par la politique commerciale de l’administration Trump et la hausse du yen, défavorable aux valeurs exportatrices. Au sein de l’indice Stoxx Europe 600, le secteur bancaire signe la meilleure performance du semestre (comme ce fut d’ailleurs le cas en 2024), avec un gain de 33% au 30 juin. Le secteur affiche de bonnes performances depuis le changement de la politique monétaire en zone euro suite à la résurgence de l’inflation. Le mouvement de consolidation bancaire observé en Europe du sud est également un facteur de soutien. Les services aux collectivités affichent la deuxième meilleure progression du semestre (+20%), soutenus par l’amélioration des conditions de financement. Le secteur de l’Industrie continue de bénéficier de la hausse des investissements dans la défense et l’industrie lourde. Les Télécoms voient leurs perspectives de croissance s’améliorer et affichent une hausse de 14% depuis le début d’année. Parmi les secteurs les plus en retrait, les Matériaux de base souffrent d’une baisse de la demande mondiale et des barrières douanières imposées par les Etats-Unis ; ils reculent ainsi de 6.5% sur la période. Le secteur de la Santé suit de près avec un recul de 4.8% sur le semestre, pénalisé par la volonté du Président américain de faire baisser les prix des médicaments, dans un contexte global déjà marqué par l’arrivée à terme de brevets d’ici quelques années. L’Automobile reste quant à elle toujours sanctionnée par une demande européenne morose, la concurrence accrue des constructeurs chinois et la politique douanière de la nouvelle administration américaine.
Sur les marchés obligataires, les taux d’intérêt américains à long terme ont évolué au gré des inquiétudes relatives au financement de l’économie et au ralentissement de la croissance. L’agence de notation Moody’s a même dégradé en mai la note souveraine des Etats-Unis en raison d’une hausse sensible de l’endettement du pays, augmentant de fait la défiance des investisseurs envers les bons du Trésor Américain. Le T-Notes termine le trimestre à 4,22% au 30 juin (vs 4.20% au 31 mars et 4.56% fin décembre 2024). Le rendement du Bund allemand (emprunt d’Etat 10 ans de référence en zone euro) s’est stabilisé au 2ème trimestre après une forte progression en mars suite à l’annonce des plans de relance allemand et européen qui certes améliorent nettement les perspectives de croissance structurelle de l’Union Européenne à moyen terme, mais augmentent en parallèle le poids de la dette par rapport au PIB, source d’inquiétude pour les investisseurs. Le taux à 10 ans allemand s’établit à 2,6% à fin juin (vs 2.73% à fin mars et 2.37% à fin décembre 2024). Sur le front des matières premières, le cours du baril WTI (West Texas Intermediate) a évolué tout au long du trimestre au sein d’une fourchette basse, dans un contexte de demande mondiale faible et d’offre soutenue, avant de rebondir en fin de période, au retour des tensions géopolitiques au Moyen-Orient. Il recule au final de 9% depuis le début d’année, sur un cours de 65.1 USD au 30 juin. L’or continue sa progression historique, le cours de l’once ayant même dépassé le seuil symbolique des 3 400 dollars au cours du trimestre, bénéficiant à la fois de sa qualité de valeur refuge dans un contexte géopolitique très tendu mais également d’achats massifs de la part des banques centrales (en particulier émergentes), qui souhaitent diversifier leurs réserves. Il termine à fin juin en progression de 26% depuis le 1er janvier, sur un niveau de 3 303 dollars l’once. Enfin, du côté des devises, le dollar continue de se déprécier face à l’euro. Les craintes sur la consommation et le déficit budgétaire croissant pèsent sur la devise américaine. En parallèle, la devise européenne reste soutenue par le virage stratégique opéré par l’Europe au 1er trimestre pour doper sa croissance structurelle. La parité Euro/Dollar s’établit à 1.17 au 30 juin 2025 (vs 1.03 fin décembre).
La Banque centrale européenne a annoncé le 5 juin dernier une nouvelle baisse de 25 points de base de ses taux directeurs, ramenant le taux de refinancement à 2,15%, dans un contexte où la BCE cherche à soutenir une économie encore fragile et à stabiliser l’inflation, tombée à 1,9% à fin mai. Il s’agit de la 4ème baisse consécutive depuis le 1er janvier 2025 et de la 8ème depuis juin 2024. Conséquence directe : les banques assouplissent leurs conditions d’octroi aux ménages et aux entreprises, rendant les financements plus accessibles. Une situation qui contraste avec celle des Etats-Unis : le 18 juin dernier, la Réserve fédérale américaine (Fed) a sans surprise laissé ses taux d’intérêt inchangés pour la quatrième fois de suite, en raison des risques « stagfalionnistes » (se traduisant par une hausse de l’inflation combinée à une croissance faible) induits par la politique douanière de l’Administration Trump. Un statu quo qu’elle semble vouloir encore prolonger malgré la désapprobation manifeste du Président américain Donald Trump qui milite farouchement en faveur d’une baisse de taux, soulevant la question de l’indépendance de la Réserve fédérale.
Ce projet de loi de grande ampleur (adopté de justesse début juillet par le Sénat, devant encore être validé par la Chambre des représentants) prévoit des mesures significatives, parmi lesquelles plusieurs des principales promesses formulées par Donald Trump lors de sa campagne électorale : en premier lieu, la prolongation des baisses d’impôts massives adoptées en 2017, lors du 1er mandat de l’actuel président, mais également des milliards de dollars d’investissements supplémentaires pour la défense. En contrepartie, des coupes massives dans les dépenses sociales sont prévues pour financer ces mesures. Le coût élevé de ces dernières soulève la question du creusement du déficit public américain. Ces dépenses supplémentaires sont en effet susceptibles d’aggraver le déficit budgétaire des Etats-Unis. La dette américaine est aujourd’hui considérée comme plus risquée, comme en témoigne l’évolution du rendement des obligations à 30 ans qui a dépassé le seuil de 5,1% courant mai, avant de se stabiliser.
La nervosité devrait rester de mise sur les marchés financiers au cours des prochaines semaines, dans l’attente de plus de clarté concernant les tarifs douaniers qui seront appliqués. Des tarifs élevés impacteront sans nul doute les échanges et les marges des entreprises, ouvrant la voie à un ralentissement économique au niveau mondial. En Europe, les investissements dans la défense et les infrastructures (en Allemagne) devraient redonner à moyen terme un élan à la croissance. La politique accommodante de la banque centrale européenne reste un autre facteur de soutien. Aux Etats-Unis, l’effet de la politique douanière pourrait peser sur la consommation des ménages et donc sur les perspectives de croissance, mais le marché du travail reste solide.Les résultats des entreprises seront suivis de près, car ils permettront de donner une tendance de fond après une bonne saison de publications au 1er trimestre. Enfin, les risques géopolitiques toujours présents sont susceptibles à tout moment d’engendrer de la volatilité sur les places boursières.
Andrey PAMPOUILLEInvestment Specialist Solutions Financières BNP Paribas Epargne & Retraite Entreprises
Wenzhao SUN, CFA Responsable Solutions Financières BNP Paribas Epargne & Retraite Entreprises
Source indices : Bloomberg, au 30 juin 2025 ; indices publiés dividendes réinvestis et en devises locales.
NB : La valeur des investissements et les revenus qu'ils génèrent peuvent enregistrer des hausses comme des baisses et il se peut que les investisseurs ne récupèrent pas l'intégralité de leur placement. Les performances passées ne préjugent pas des performances à venir.
Avez-vous trouvé ce contenu intéressant ?