L’année s’est achevée comme elle a démarré, en pleine euphorie, non sans avoir été marquée par des phases d’instabilité d’ampleur suite aux vives tensions au sein du secteur bancaire à la fin du 1er trimestre ou lors de la résurgence des risques géopolitiques en octobre.
Ainsi, l’indice des actions mondiales, le MSCI AC World (en USD), progresse de plus de 22% en 2023. En Europe, la tendance est la même, l’indice EuroStoxx 50 affichant un gain annuel de 22,2%. En France, le CAC 40 signe sa troisième meilleure performance sur les 10 dernières années, avec une hausse de 19.2% à fin décembre. Outre-Atlantique, le S&P 500, l’indice le plus large du marché boursier américain, clôture l’année sur une progression de 26.3%, après un cru 2022 particulièrement éprouvant. Le Nasdaq, centré sur la technologie, enregistre quant à lui sa meilleure performance depuis 2003 (+44.6% depuis le 1er janvier), grimpant ainsi à de nouveaux sommets grâce à l’engouement des investisseurs pour les valeurs de l’intelligence artificielle. L’année a également été exceptionnelle pour le marché japonais, l’indice Nikkei affichant sa plus forte progression depuis 2013 (+30.4% à fin décembre), soutenu par la reprise économique post-Covid, la faiblesse du yen et des résultats d’entreprises solides. Seule ombre au tableau, le recul marqué des actions chinoises, l’indice MSCI China perdant plus de 11% sur l’année, la reprise économique tant attendue par les investisseurs s’étant au final révélée décevante.
Au niveau sectoriel, cette trajectoire haussière a été très hétérogène. L’un des secteurs européens les plus performants du Stoxx Europe 600 en 2023 a été celui de la technologie, avec un solide gain annuel de 33%. La distribution et la construction figurent également dans le trio de tête, progressant respectivement de 37,5% et 34%. D’autres secteurs ont en revanche connu de moins bons résultats à l’image des matériaux, impactés par la baisse des prix des métaux sur l’année. Le secteur de l’énergie a également sous-performé, affichant un gain modéré de 7,4%.
Les marchés obligataires, après un millésime 2022 chaotique, ont terminé l’année sur une tendance très favorable, soutenus en fin de période par l’accélération de la désinflation ouvrant la voie à une future baisse des taux directeurs des banques centrales en 2024. Cette perspective d’assouplissement monétaire a fait baisser significativement les taux d'intérêt des Etats européens et américains, à l’image du Taux 10 ans allemand (référence pour la zone Euro) qui termine l'année à près de 2%, loin de son pic de mi-octobre à 2,93%.
Du côté des actifs de diversification, le pétrole, après avoir atteint des points hauts à la fin de l’été 2023 suite à l’annonce par l’Arabie Saoudite d’une coupe de production à raison d’un million de barils par jour, a vu son cours refluer en seconde partie d’année face à une baisse de la demande globale. Le prix du baril WTI du Texas recule ainsi de 10.7% en 2023, terminant l’année à 71.6 dollars. Le cours de l’or a quant à lui flambé en 2023, augmentant de plus de 13% sur la période. Le seuil des 2 100 dollars l’once a même été franchi début décembre, niveau jamais atteint. L’or a en effet bénéficié de son statut de valeur refuge, en particulier lors de la résurgence des tensions géopolitiques au Proche-Orient en octobre. La baisse anticipée des taux d’intérêt a également influé sur cette tendance.
L’un des principaux catalyseurs aura sans nul doute été la poursuite de la désinflation à un rythme plus soutenu qu’attendu. Les banques centrales n’auront pas ménagé leurs efforts depuis 2022 pour lutter contre une inflation tenace, en augmentant drastiquement (et très rapidement) leurs taux directeurs afin de freiner les dépenses et les investissements, au risque de porter un sérieux coup de frein à l’économie _ le taux de refinancement de la Banque Centrale Européenne a grimpé à 4.5% en septembre 2023, un niveau jamais observé depuis le lancement de la monnaie unique, en 1999. Et cela a fonctionné, les prix à la consommation ayant peu à peu retrouvé des niveaux plus gérables au fil des mois. L’inflation en zone euro a ainsi reflué de 8,6% à 2,9% sur un an.
L’autre bonne surprise est venue des Etats-Unis, dont l’économie a fait preuve d’une robustesse certaine tout au long de l’année dans un contexte pourtant peu favorable combinant hausse des taux d’intérêt et inflation persistante. Les plans de relance de l’administration Biden en faveur de la transition climatique et numérique, dont « l’Inflation Reduction Act », ont joué un rôle déterminant dans cette tendance, soutenant à la fois la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. En parallèle, le marché du travail est resté stable et la confiance des consommateurs relativement élevée.
Enfin, la montée en puissance de l’intelligence artificielle a largement contribué à cette tendance haussière. La progression des marchés financiers est en effet largement imputable à l’envolée des grandes capitalisations du secteur de la technologie, portées par la révolution numérique, faisant même de 2023 une année historique en termes de disparité de performances.
Beaucoup d’investisseurs étaient convaincus en début d’année de l’arrivée imminente d’une récession mondiale sur fond d’inflation galopante et de taux d’intérêt très élevés. Or cette prédiction ne s’est pas réalisée en 2023. Les économies occidentales ont plutôt bien résisté dans l’ensemble. Aux USA, le scénario « idéal » d’une poursuite de la désinflation couplée à une décélération modérée de la croissance pourrait même être envisagé. En Europe, l‘ampleur du ralentissement économique pourrait également être plus modeste que prévu. Dans ces dernières perspectives publiées en novembre 2023, l’OCDE mentionne un « atterrissage en douceur » pour les économies avancées, le produit intérieur brut (PIB) mondial devant progresser de 2,7% en 2024 après une hausse anticipée à 2,9% cette année. Les conditions semblent désormais réunies pour que les banques centrales (FED et BCE) envisagent un assouplissement monétaire dans les prochains mois.
Les risques géopolitiques demeureront élevés en 2024. Si les marchés sont restés plutôt stables face au conflit au Proche-Orient, contrairement en 2022 lors de la crise russo-ukrainienne, la situation demeure fragile. Toute aggravation des tensions pourrait notamment peser sur les cours du pétrole au cours des prochains mois, impactant de fait l’économie.
Enfin, 2024 sera une année record sur le plan électoral, puisque 40 scrutins seront organisés à l’échelle mondiale. Parmi les élections les plus attendues et surveillées par les investisseurs figurent les élections présidentielles de Taïwan en janvier, celles en Inde où le Premier ministre Narendra Modi tentera de remporter un troisième mandat en avril, les élections parlementaires européennes au cours de l’été, avant l’élection présidentielle américaine prévue en novembre, pouvant entretenir une certaine nervosité.
Andrey PAMPOUILLEInvestment Specialist Solutions Financières BNP Paribas Epargne & Retraite Entreprises
Yanning MA, CFA Responsable Solutions Financières BNP Paribas Epargne & Retraite Entreprises
Source indices : Bloomberg, au 29 décembre 2023 ; indices publiés dividendes réinvestis et en devises locales
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